Cthulhu Invictus

Fans de la série 'Rome', réjouissez-vous.

Je compte faire jouer quelques scéanarios se déroulant dans le cadre de la Rome Antique. Sans doute sous le reigne de Claudius, le troisème Empereur...

Enquète dans le milieu trouble des cultes romains et diplomacie en terre d'Egypte au programe. Avec peut être un petit tour par la Dacie, l'actuelle Roumanie...

Foncez les yeux fermés: pour l'avoir lue en long en large et en travers, je peux vous dire que cette campagne est très bonne!!

Oliv, si tu es motivé, n'hésite pas à te goinfrer dans la foulée:
- "Gurps Imperial Rome"
- "Rome: Life end Death of a Republic" de Chaosium
- et "Mythic Vista Eternal Rome" de Green Ronin

Ils sont tous complémentaires et très très bien renseignés.

Et ruez-vous tous sur "I, Claudius" - une très vieille série de la BBC, saga shakespearienne au charme surrané. C'est moins trash que Rome (et beaucoup plus "low budget"), mais tout aussi edifiant sur la politique et les mœurs des Fils de Romulus.

La série docu-fiction "Rise and Fall of Rome" mérite tout autant le téléchargement... pardon, l'achat DVD (hum...).

SALVE CENTURII!!

Aurel, Wombat Imperator.

La civilisation Romaine pour les Nuls

Ancienne colonie phénicienne devenue cité Etat, Rome va progressivement prendre le contrôle de l'essentiel du monde connu, grâce à sa politique violemment assimilationiste et à sa maîtrise militaire.

Le citoyen Romain adore la politique. Il faut bien avouer que ce sujet est indifféremment lié à la religion. Tous les offices publics (juges, questeurs, tribun...) descendent en droite ligne d'anciennes attributions de la prètrises.

Le citoyen romain est essentiellement pragmatique, mais les mythes religieux assurent la cohésion sociale et rythment la vie publique et privée. Nul ne songerait à y contrevenir.

Ancienne civilisation relativement égalitaire dominé par une royauté (pouvoir exécutif) et une théocratie (pouvoir législatif) Rome va devenir au fil des conflits une société de classes inégalitaire...et une république.

La classe la plus importante (politiquement) est celle des Patriciens, descendants des familles des fondateurs de Rome. Elle occupe traditionellement les fonctions les plus importantes de Rome (Sénateurs qui votent les lois, Tribuns qui disposent du pouvoir exécutif...)

Vient ensuite la classe des Equites (ordre Equestre), constitué de la 'petite noblesse' et des citoyens romains enrichis (à l'origine, désigne les militaire assez riche pour partir à la guerre à cheval). Elle est très présente dans la moyenne magistrature et le commerce.

Le classe Plébéenne. L'essentiel du peuple. Il n'existe pas de classe moyenne romaine. On est essentiellement fort riche au pauvre. Mais les citoyens disposent de droits que nul ne songerait à leur contester. Ils peuvent agir en justice, être défendus par des magistrats du peuple, être nourrits gratuitement, et sont les véritables maîtres de leur maisonnée (le Pater familias à droit de vie et de mort sur ce qui vit ous son toit)
C'est elle qui forme l'épine dorsale de l'armée.

L'armée est considérée comme l'âme de Rome. Le citoyen-soldat (ou le soldat devenant citoyen, dans le cas de l'affranchi au bout de ses 20 ans de service) est le modèle des vertues Romaines par excellence.

Viennent ensuite les autres peuples Latins (bénéficiant de certains droits), les peuples 'amis' (bénéficiants essentiellement du droit de payer tribut à Rome, ou de servir comme 'auxiliaire' dans vos légions) et les barbares, qui n'ont pas le bonheur de vivre sous votre botte civilisatrice.

Puis viennent les esclaves, objets animés appartenant à un citoyen. Comme seuls les riches peuvent se payer des esclaves, ces derniers ont tendance à vivre dans des conditions parfois très supérieure au reste du peuple, malgré quelques inconvénients évidents...

Un esclave affranchi devient indépendant, mais continue à faire partie de la famille de son maître (ce qui implique certaisn devoirs), mais ne sera pas pour autant citoyen romain de plein droit, Sauf s'il sert dans la Légion...

Et les femmes me direz-vous ? Ce sont juridiquement des mineurs. Elles sont protégées par la loi, mais disposent de fort peu de droit légaux, et doivent obéïssance à leur père ou époux .
Normalement cantonnée à la gestion de la maisonnée, les femmes romaines sont réputées pour leur proverbiale force de caractère... Il n'est pas rare qu'elle mènent leurs mari par le bout du nez, qu'elles dirigent un commerce ou encore qu'elles divorcent et mènent à pertir de ce moment une vie fort libre...

La seconde partie du message a bien entendu été avalé par la machine...

Mais elle sera bientôt reconstituée.

Le gros problème de Cthulhu Invictus : le background du livre de base décrit la Rome qui vit l’ascension de Jules César… alors que la campagne adjointe se passe sous Claude !!*
La situation politique et sociale a radicalement changé entre ces 2 époques.
L’accession de Claude au titre de Princeps (= « 1er des citoyens ») a en effet bouleversé en profondeur tout l’empire romain :

- Les patriciens ne sont plus la classe prédominante.
Déjà en déclin depuis des décennies, cette « caste » » n’a plus du tout les faveurs de la lignée impériale après l’assassinat de Caligula . Claude se méfie à un tel point des patriciens que, dès son arrivée au pouvoir, il s’octroie le droit de conférer ce titre aux gens (= « familles ») de son choix, créant ainsi l’équivalant antique d’une « noblesse de robe »… fatalement opposée aux anciennes familles.
L’empereur bègue ne s’arrête pas là : il promeut les equites à de meilleurs postes… au point de les transformer en gouverneurs de provinces ! Un peu comme si un roi catapultait du jour au lendemain des centaines de chevaliers au rang de barons ou ducs. On imagine la gueule des patriciens « old school » à l’annonce de ces nouveaux « adoubements »…

- Les servi (= « esclaves ») obtiennent foultitude de droits.
-> Les domini (= « maîtres ») n’ont plus droit de vie ou de mort sur leurs esclaves, et se voient dorénavant condamnés à des amendes s’ils les maltraitent (rarement appliquées dans les faits). Interdiction également de les revendre pour sénilité. Par ailleurs, si un esclave est « jeté aux ordures » pour cause de mauvais état de santé** et qu’il guérit, il est automatiquement affranchi par un magistrat.
-> Les servi ont dorénavant droit à des congés !! Notamment durant les fêtes religieuses.
-> Depuis longtemps déjà, les esclaves romains peuvent acheter leur liberté. Mais où trouver les sesterces sonnants et trébuchants permettant de briser ses chaînes ? L’argent de poche versé régulièrement par les maîtres est un bon début, mais le must reste tout de même les bénèfs tirés des investissements financiers engagés au nom de son dominus – les esclaves pouvaient en effet légalement servir de prête-noms à leur propriétaire !
En revanche, une fois affranchi, interdiction de voter, de se présenter comme candidat à des élections, ou de postuler pour la légion..

A noter que ces droits touchent plus particulièrement les ancillae, les esclaves citadins.
Quant au forçat prisonnier des mines de sel en Syrie….

Mais pourquoi tous ces droits hallucinants pour du bétail ?
Parce que primo, Claude a peur d’une révolte : dans les grandes cités de l’empire, les esclaves sont en train de devenir plus nombreux que les vrais Romains…
Et secundo, parce que ses plus proches conseillers sont… d’anciens esclaves !! Affranchis par Claude en personne (et pour la plupart d'origine grecque), ils sont devenus ministres d'État ( !!), ne rendent de comptes qu'à l'empereur et ne reçoivent d'ordres que de lui - un moyen de plus de mettre le sénat romain et les patriciens traditionnels sur la touche….

- La vraie citoyenneté romaine s’acquière plus facilement.
Avant Claude, il y a 2 types d’habitants dans l’empire: les Romains, les VRAIS, nés libres, de parents eux-mêmes romains, et qui jouissent dès lors de TOUS les droits offerts par les tabulae de la Lex Romana.
Quant aux autres… c’est plutôt façon « à la gueule du client »…
Mais là aussi, Claude change la donne : il étend la citoyenneté romaine à beaucoup de provinces, et plus particulièrement à la Gaule (Claude est né à Lugdunum…). Du coup, les Gaulois ont maintenant des Sénateurs à la curie !! Mais l’idée n‘est pas nouvelle : je vous renvoie à l’épisode de la série Rome où des barbares portant tresses et braies viennent siéger au Sénat…

Quant à Rome « ancienne colonie phénicienne »… A part le mythique Enée passant par Carthage (et les cuisses de Didon) avant d’accoster sur les berges italiques, je ne vois pas !

- Les religions orientales font peu à peu leur trou dans la Cité Eternelle.
Elles ont été introduites à Rome par des soldats, des marchands, des esclaves, et connaissent une rapide diffusion dans toutes les couches de la société. Ces nouveaux cultes exotiques ont pour avantage d’avoir un contenu moral et philosophique beaucoup plus élevé que la religion romaine traditionnelle (qui, comme Olivier l’a souligné, n’est plus là que pour créer du lien social).
Nouveauté de taille : ces religions orientales promettent une vie d’outre-tombe où chacun trouverait justice : les gentils/ les initiés/les purs (rayez la mention inutile) touchent le super-banco, les « bad guys » et les cons leur punition.
On ne compte plus à Rome les obélisques importés à grands frais d’Egypte, les statues à la gloire de la déesse babylonienne Astarté, sans parler des cérémonies privées où le Mithraïsme (made in Perse) et les mystères orphiques (Grèco-Egyptiens) sont célébrés.
Cette montée en puissance des cultes étrangers, qu'ils soient publics ou privés, déplait énormément à Claude. Il engage très vite une multitude de réformes pour ramener ses concitoyens vers la religion d'état. Officiellement, les Romains prennent le pli... officiellement.
Les 2 seules religions à vraiment pâtir de ces réformes "orthodoxes" sont le Druidisme et l'Hébraïsme : Claude n'aime vraiment pas les coupeurs de gui et les Juifs, trouve qu'ils mettent à mal l'ordre public, et a tôt fait de les bannir de la capitale...

- Pour ce qui est de l’ésotérisme « grand public » :
L’homme de la rue sait que les Phéniciens font d’excellent thèmes astraux, que les Chaldéens (en fait, souvent des Grecs qui se font passer pour…) savent interpréter les rêves et bénéficient d’un bonus pour faire tomber la foudre, et qu’une malédiction proférée par une femme désespérée ou un mourant se verra systématiquement réalisée.
Quant aux druides celtes (les quelques qui ont réchappé aux purges organisées par Jules César et Claude), on dit d’eux qu’ils sont bons médecins.
Pour éviter de tomber malade et de voir vos vœux se réaliser, n’hésitez pas à vous entourer de phallus (dessinés ou sculptés) que vous caresserez régulièrement *** : ils écarteront à coup sûr le mauvaise œil. Ça réussit d’ailleurs plutôt bien à Titus Pulo dans le 1er épisode de Rome !!
Enfin, pour éviter qu’un fantôme vous hante, plantez un clou sur son ombre. Et criez : « Je te repousse lémurien !! »****


Quoi qu'il en soit, malgré la schizophrénie de chronologies dont souffre Cthulhu Invictus, je maintiens que l’ensemble des scénars proposés est de très très bonne facture !!

Aurel, Wombat à toge pourpre.

* Sans parler du titre de ce jeu : il fait référence au Sol Invictus créé par Aurélien (l’empereur, pas le Wombat), qui régnera presque 300 ans après Claude…
** Au large d’Ostia (le port de Rome), il existait une petite île qui servait de décharge municipale. Les seules ordures qu’on y déposait étaient les esclaves mourants.
*** Authentique ! Mêmes les femmes et les enfants étaient autorisés à caresser ces magnifiques grigris qu’on trouvait disposés devant beaucoup de domus romains…
**** Tout aussi authentique… Ceux qui me connaissent bien savent maintenant d'où je tiens ce gimmick!

LES GENERA BONITATIS.
Il s’agit d’un ensemble de « vertus » qu’on s’attendait à trouver chez tout bon romain qui se respectait. Elles sont grosso merdo l’équivalant occidental du Confucianisme Chinois : un corpus de règles et de comportements qui cimentent la société et caractérisent la différence entre le « nous » et les « barbares ».
[NB : bon nombre des mots latins utilisés ici ont subi des glissements de sens dans la langue française… donc attention aux « faux amis » !]

- Dignitas : l’estime et la fierté de soi. Jules César en possédait sans aucun doute un bon paquet ; Claude… c’est une autre histoire.
- Fides : la fidélité à la patrie, à la famille, à ses patrons ou à ses clients ( ces 2 derniers termes sont à prendre au sens politique). Correspond également au respect de la parole donnée.
- Firmitas : la force de caractère. Les faibles et les girouettes sont TRES mal vus à Rome.
- Frugalitas : l’art et la manière d’être riche… sans le montrer avec ostentation. A Rome, on préférera étaler ses richesses par des dons généreux à ses amis ou à la Cité, plutôt que porter des vêtements hors de prix et des bijoux venus du lointain orient mystérieux. Dans les faits, bon nombre de Romain(e)s oubliaient cette règle de bien séance…
- Gravitas : le sens des responsabilités, et le sérieux nécessaire à toute activité importante.
- Honestas : encore un faux ami, qui n’a rien avoir avec l’honnêteté. L’Honestas romaine peut être comparée au On Japonais, c’est à dire le fait d’agir en accord avec sa réputation et son rang. Cf Rome de HBO : Marc-Antoine culbutant une bergère sous la bannière SPQR manque furieusement d’Honestas…
- Industria : lorsqu’un Romain fait quelque chose, il le fait bien, et jusqu’au bout.
- Patienta : le sens est le même que pour nous.
- Pietas : le sens du devoir. Pas uniquement religieux !
- Prudentia : la discrétion. On évite de laver son linge sale sur la place publique... Une règle avec laquelle bien des politiques se torchaient le derrière…
- Salubritas : santé et hygiène. Bien que vivant dans un cloaque à ciel ouvert, les Romains ont une hygiène corporelle irréprochable, et quantité de citoyens pratiquent un sport (quand ils ne travaillent pas déjà 12 heures par jour dans un champ, évidemment…). Il y a même des jeunes filles de bonne famille qui s’exercent au maniement des armes pour garder la forme !!
- Severitas : no comment…
- Suicidium: la mort plutôt que la honte publique ou l'exil forcé. Les soldats opteront pour l'empalement sur glaive ( Cf la mort de Marc-Antoine), les érudits et autres politiques préfèreront l'élégance de la ciguë...
- Veritas: tout le monde ment. Le tout est de ne pas se faire prendre…
- Virtus : a donné le mot « virilité » en français. Un homme se doit d’être un homme. A tel point qu’il est jugé honteux pour un Romain de rester passif durant une fellation !! En revanche, cette vertu n’interdit pas l’homosexualité. Mais le tout est de savoir qui « prend » qui durant les ébats…
- Humanitas : a donné l’expression médiévale « faire ses humanités », c’est à dire faire ses études. Il est important pour un Romain bien né d’être cultivé et de connaître ses classiques ( en ce qui concerne l’administration, l’économie et le droit, l’érudit se tournera vers les auteurs latins. Pour la poésie, les légendes, la médecine… : les penseurs grecs. Les autres cultures sont jugées au mieux comme… folkloriques).
- Comitas : être courtois et de compagnie agréable. Pour beaucoup de romains, cette vertu n’est pas la plus indispensable…

« Dura Lex, Sed Lex… »

- Comprehensio (« les forces de l’ordre »).
Il n’y a jamais eu à proprement parlé de police à Rome.
Dans les quartiers populaires, ce sont des milices ou des gangs (!) composés par les habitants eux-mêmes qui font office de bras armé et de pompiers (cf. par exemple le chapitre Sons of Hadès in Rome d’HBO). Il est de coutume également pour les patrons d’utiliser leurs clients comme « porte-flingues »…
Pour les quartiers plus aisés et les place publiques (comme le Forum), on trouve depuis le règne d’Auguste une garde prétorienne pour assurer le maintien de l’ordre (et la sécurité des élites…).
Officiellement, seuls ces corps ont le droit au port d’arme. Même un légionnaire doit se défaire de son équipement pour déambuler dans la capitale ! Dans les faits, beaucoup d’hommes (et d’esclaves) sont armés… La nuit venue, les rues sont si dangereuses qu’il n’est pas rare qu’un inconnu vous accoste pour…. vous proposer sa protection armée (et payante) de manière à rentrer sain et sauf jusqu’à votre domus ! Certains même vous forceront la main…

- Leges (« les Lois »)
Elles sont la fusion des Fas (les lois religieuses) et du Jus (les lois séculières).
Quelques exemples folkloriques du droit romain et des poena (« peines ») encourues :
- Si un esclave tue son maître, TOUS les esclaves de la maisonnée peuvent être condamnés à mort.
- Les milices peuvent tuer tout voleur pris sur le fait – si tant est que le contrevenant ait été au préalable prévenu par un cri de sommation !
- Faire consommer de la drogue à un tiers est un crime. Lui en revendre, non.
- Tout Pater Familias peut exécuter un membre de sa maisonnée sans encourir de poursuite. Depuis Claude, il n’en est plus de même… pour les esclaves !
- Tout pyromane sera condamné au bûcher.
- Vendre, acheter ou administrer du poison est un crime extrêmement grave. Sauf dans le cadre d’un suicide (cf. mon article sur les vertus romaines)
- Si vous tuez un esclave ou un animal qui ne vous appartient pas, plaidez coupable. Vous ne paierez au propriétaire que le montant estimé de « l’article » détruit. Si vous persistez à nier, et qu’on prouve malgré tout votre culpabilité, vous payerez au moins le double.
- Un affranchi qui se fera passer pour un homme né libre (pour voter ou s’enrôler) sera puni de mort.

- Judicia (« les Tribunaux »)
A chaque crime son tribunal :
- extorsion : repetundae
- corruption : ambitus
- trahison : maiestas
- meurtres et poisons : de sicariis et venefecis
- contre-façons et fraudes : falsii
- vols et détournements de fonds : peculatus
On y trouve déjà un ou plusieurs Praetors (= juges), ainsi qu'un jury (Judices) composé de citoyens.
Les métèques (à l'époque un terme neutre), c'est à dire les hommes libres habitant l'empire mais non-citoyens romains ont leur juge dédié: le Praetor Peregrinus.

Un procès repose avant tous sur la réputation et l’influence publiques (le porte-feuille ?) des parties qui s’affrontent. Enquête de moralité, comparution de témoins sous influence, concours de rhétorique, et grand spectacle pour la Plèbe, les procès de la Rome Antique ressemblent énormément aux nôtres… la police scientifique en moins.
Nota : bien que leur parole n’ait aucune valeur juridique officielle, les esclaves peuvent être appelés à la barre pour audition.
Par ailleurs, si vous estimez qu’un jugement est en votre défaveur, vous pouvez faire appel auprès de la Commitia Centuriata. Mais uniquement s’il en va de votre vie ou de votre statu de citoyen romain. Dans les autres cas, il ne vous reste plus qu’à passer à la caisse.
Enfin, si vous jouissez de la pleine citoyenneté romaine et que vous tombez sous le coup d'un tribunal provincial, vous pouvez demander à être rapatrié (à vos frais) jusqu'à Rome pour être jugé par vos pairs.

Je vous recommande TimeWatch - Murder in Rome : l’exemple type d’une enquête judiciaire et d’un procès à la Romaine, et dont l’avocat principal n’est autre que Ciceron himself !

« MARS INVICTUS !! »
(« Engagez-vous, qu’ils disaient… »)

La composition de l’armée (« Exercitus ») sous le règne du Princeps Claudius.

La garnison de Rome:
- 10 cohortes prétoriennes dont le commandement appartient à un tribun. Ces cohortes constituent une pépinière de cadres (officiers subalternes - centurions) et la possibilité d'accéder à l'ordre équestre et au service civil pour les meilleurs. Ces cohortes sont regroupées dans un seul camp sur le Viminal aux porte de la ville. Sa fonction essentielle est la garde du palais impérial et du centre de Rome.
- 4 cohortes urbaines qui partagent les quartiers des prétoriens. Ils sont à la disposition du préfet de la ville de Rome. Leur commandement est également assuré par un tribun.
- 7 cohortes de vigiles qui assurent le service d'incendie et de la police nocturne. Les vigiles sont recrutés parmi les affranchis (merci Claude !). Ces cohortes se heurtent souvent aux milices de quartiers – ces dernières n’aiment pas que les étrangers fassent la police chez elles…
- les equites singulares sont recrutés parmi la cavalerie auxiliaire. Ils sont 500 placés sous l'autorité d'un troisième tribun.
- les protectores, pris parmi les centurions de l'armée active, constituent la garde d'honneur de l'empereur.

Les armées provinciales.
La grande majorité des effectifs disponibles sont massés dans les provinces frontalières de l’Empire.
- Les légions, au nombre de 33 sont exclusivement composées de citoyens romains. Elles sont réparties le long des limes (= les frontières).
- Les troupes auxiliaires sont recrutées parmi les non-citoyens. Elle sont composées d'unités de taille réduite d'infanterie ou de cavalerie. La cohorte d'infanterie comprend 500 hommes et l'aile de cavalerie 500 cavaliers. Sur le plan tactique, ces auxillia n’ont qu’un rôle secondaire : ailes et cohortes sont jointes à une légion pour éclairer sa marche, protéger ses flancs et ses arrières formant ainsi une armée dont le légat de légion assume le commandement.

L’équipement.
Chaque soldat dispose de deux javelots à hampe de bois (pilum), une épée courte espagnole ( le célèbrissime gladium) à deux tranchants, un bouclier de bois (scutum) et une cuirasse.
Le tout est gracieusement offert par l’empire.

La hiérarchie et le commandement.
- Le recrutement de la troupe
Claude n’a pas aboli le principe de la conscription, mais fait appel également au volontariat. Pour maintenir les effectifs, il lui faut recruter annuellement 20 000 hommes. Seuls les hommes nés libres sont enrôlés. Le service est long : 12, puis 16 ans pour les prétoriens ; 16 puis 20 ans pour les légionnaires ; 26 ans dans la marine.
Les soldats perçoivent une solde dont une partie (annone militaire) est versée en nature. Chaque soldat, selon son grade, touche une part de butin et les populations des pays traversés sont soumises au logement des gens de guerre (hospitium). En fin de service, le soldat accède au statut de vétéran ; il perçoit alors une prime de démobilisation d’un montant équivalent à une dizaine d’années de solde (super banco !!). Quant aux métèques et autres pérégrins, ils reçoivent la Civitas (= la pleine citoyenneté romaine).

- La carrière des simples soldats
Un simple soldat peut devenir centurion au terme d’un lent avancement. Le poste de primipile (premier centurion de la légion) est l’aboutissement de sa carrière. Les centurions sont en majorité issus de la troupe

- La carrière des officiers supérieurs.
Les officiers supérieurs et les généraux sont issus de la classe sénatoriale et de l’ordre équestre.
-> Le commandement d’une légion ne peut être assumé que par un magistrat ou un ancien magistrat. Le légat de légion est nommé par l’empereur parmi les anciens praetors, donc un membre de la classe sénatoriale.
-> Le cursus honorum des chevaliers est inverse : ils passent, eux, de la vie militaire à la vie civile. Ils commencent par des fonctions dans l’armée (préfet de cohorte, tribun militaire…) avant d’accéder à des fonctions politiques ou judiciaires au sein de la Cité.

- La discipline.
Une chose est sure : dans la légion, on ne rigole pas tous les jours.
On s’entraîne avec des armes qui font le double du poids habituel.
On passe des heures en marche forcée, ou à la construction d'un fort... qu'on brulera soi-même la semaine prochaine.
Les punitions sont sévères. Elles vont de la pecunaria multa (retrait sur solde) aux castigatio - les châtiments corporels durs.
Les généraux n’hésitent pas à pratiquer la décimation en cas de faute collective extrêmement grave. La décimation ? On vous met tous en rang. Puis : 1… 2… 3… Vous êtes le numéro 10 ? Vos neuf camarades vous abattent. Et le général de reprendre : 1… 2… Voilà le vrai sens du mot « décimer » (= « compter jusqu’à 10 »).
Si votre boulette n’est pas hardcore, on vous assénera simplement un verberatio ( un avertissement), parfois suivi d’une humiliation (ex : on vous laisse monter la garde une journée entière pieds et cul nus dans la boue. )
Pour finir, on retiendra le fustuarium dont est victime Titus Pulo dans Rome. On est sensé mourir de ce châtiment… Sacré Titus !!

NB : Vous pensez qu’être légionnaire en temps de paix vous assurera repos et tranquillité ? Dommage, on vous envoie aider les civils pour les travaux agricoles, les constructions publiques, ou jouer au gendarme et au voleur dans la verte campagne.

La défense de l’Empire

- Le limes
Le limes est l’ensemble de la zone frontière qui sépare Rome du monde barbare ; il s’agit à la fois d’une ligne de surveillance et d’un dispositif d’alerte qui possède un double but :
-> militaire qui permet en cas d'attaque inopinée d'alerter les troupes et leur permettre d'accourir
-> douanier, car les échanges avec le monde extérieur se règlent par son intermédiaire.
Et Claude compte mener une série de guerre pour améliorer le tracé de ces fameuses frontières impériales…

- 2 exemples de limes, créés par Auguste, et toujours existant sous Claude :
-> le limes d'Orient, qui possède trois secteurs :
o le limes du Pont court de la Crimée à Trébizonde ; c'est une chaîne de villes fortifiées
o le limes de l'Euphrate est un limes fluvial ; la frontière romaine est repoussée jusqu'au Haut Tigre
o le limes syro-arabique est constitué par le désert ouvert

-> le limes d'Afrique, trois secteurs lui aussi :
o le limes d'Egypte qui a pour mission de barrer la vallée du Nil face au Soudan.
o le limes d'Afrique avec la Tripolitaine et la Numidie
o le limes de Maurétanie couvre l'Afrique du Nord vers le Sud.

- Les armées aux frontières...
Le principe défensif adopté est celui de la couverture : l’armée est disposée linéairement le long de la frontière ; à chaque armée correspond un secteur déterminé. Derrière ce cordon sont placées des armées de réserve qui sont destinées à renforcer les forces du limes et à assurer la sécurité intérieure.
En fait, chaque armée pourvoit, sous la forme de détachements, à l’occupation permanente des ouvrages de première ligne du limes. Le gros des troupes se tient en réserve, à l’arrière, dans une série de camps permanents.

- ... leurs conséquences économiques et sociales.
Près des camps s’installent les canabae, huttes où habitent les marchands et les indigènes qui vivent dans la mouvance de la société militaires. Du camp naît parfois une véritable cité (Cologne, Trèves, Argentoratum, etc.).
Les marchands s’installent le long des voies romaines qui sont avant tout des voies stratégiques permettant aux légions de rejoindre rapidement les secteurs menacés. Ces routes constituent donc des axes particuliers favorisant les échanges à la fois économiques, culturels et cultuels.
L’armée est aussi créatrice d’activités économiques : elle favorise l’arrière-pays immédiat par le développement d’une importante activité agricole nécessaire pour nourrir la troupe.

On notera que, malgré l’interdiction de se marier pendant leurs années de service, nbon nombre de soldats se liaient à des femmes sur leur lieu de garnison, et fondaient des familles qu’ils installaient autour de l’oppidum (= campement). Du coup, au terme de leurs années de services, les vétérans restaient presque toujours sur place… ce qui arrangeait grandement l’empire - cela lui permettait de maintenir ainsi en douceur l’occupation romaine...